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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/107

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CHAPITRE IX

le mystère des bois noirs


Michel ne devait pas être causeur ; il ne se retournait même pas sur le jeune homme quand celui-ci lui adressait la parole. Il paraissait fort occupé de ses chevaux et aussi de la route qu’il scrutait de ses petits yeux aux paupières rouges, avec un soin de tous les instants. Patrice s’étonna encore d’être seul sur l’impériale, alors qu’il y avait tant de monde en bas, et il fit part de cette réflexion à Michel qui lui répondit assez sèchement : « C’est leur affaire ! »…

Dans les côtes, la diligence se vidait ou à peu près… Seuls, les deux voyageurs à la valise ne bougeaient pas de leur coin, tout au fond près du coupé. Ils avaient leur bagage sous la banquette. Michel restait sur son siège et Patrice, non plus, ne descendit pas. Il n’avait nulle envie de flâner le long des talus pour cueillir un bouquet sauvage. Monotone et sans incident, le voyage se poursuivit ainsi jusqu’au relais de Mongeron où l’on arriva à deux heures et où l’on mangea un déjeuner froid.

Patrice avait songé, un instant, à coucher à Mongeron d’où il serait reparti le lendemain matin avec une voiture de louage, ce qui lui eût évité la traversée de la forêt, la nuit ; mais il préféra finalement le risque de voyager, même la nuit, en nombreuse compagnie, à celui de rester, au cœur des bois, dans cette auberge isolée.