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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/185

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CHAPITRE IV

balaoo n’ose pas rentrer à la maison.


Balaoo, ayant roulé la robe de l’Impératrice fort proprement sous son bras, s’assit sur la lisière de la forêt. La nuit était profonde ; les dernières lumières s’éteignaient aux fenêtres de Saint-Martin-des-Bois. Il réfléchissait. Il regrettait sincèrement l’accident qui lui était arrivé avec le noble étranger qui lui avait rendu visite. Non point qu’il souffrît d’avoir tué avec aussi peu de formes et sans avis préalable un de la race humaine qui l’avait insulté ; mais il craignait d’avoir fait un bien gros chagrin à sa chère petite Madeleine. Quel drôle de visage elle lui avait montré quand il traînait avec tant d’orgueil, par les deux pattes de derrière, le noble étranger en visite ! Et son bon maître Coriolis, quels yeux terribles !… Quelles grimaces désespérées ! quelle affaire !…

Non, décidément, tout bien réfléchi, il préférait ne pas encore rentrer ce soir à la maison.

Balaoo se gratta les poils ras mouvants du dessus du crâne. Perplexité…

Et puis, il considéra, avec inquiétude, son butin.

C’était dans la pensée d’acheter son pardon et de se préparer une bonne rentrée auprès de Madeleine qu’il avait chipé tout à l’heure la robe de l’Impératrice. La chose était arrivée le plus naturellement du monde. Après