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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/19

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BALAOO

des premières maisons de Clermont-Ferrand qui, dans l’office, était en train de faire son lit sur la table, tout en menaçant la patronne de la peine de mort si elle ne lui procurait, sur-le-champ, un traversin.

— Voyez-vous, belle dame, je suis très bien ici, mieux que dans la salle de billard où tous ces bavards m’empêcheraient de sacrifier à Morphée ! Qu’est-ce qu’ils ont à gueuler comme ça !… De quoi se plaignent-ils ?… Puisqu’ils savent qui a fait le coup, qu’ils le disent !…

En entendant ces mots, Mme Roubion s’empressa de disparaître.

Dans la salle du cabaret, M. Sagnier, le pharmacien, venait d’arriver. Prévenu par le maire, il s’était héroïquement arraché aux bras tremblants de la belle Mme Sagnier et il apportait ses bons offices. Ne trouvant personne à soigner, il en conçut immédiatement une fort méchante humeur et mêla ses propos agressifs aux plus hostiles, affirmant qu’en face de pareils attentats il n’était plus possible à un honnête homme de vivre, non seulement à Saint-Martin-des-Bois, mais dans tout le pays de Cerdogne.

Sur ces entrefaites, M. Jules — le maire — fit son entrée, suivi du bon docteur Honorât. Ils revenaient de la gare où ils avaient recueilli, de la bouche même des employés, des témoignages ne laissant aucun doute sur l’attentat. Ils étaient tous deux aussi pâles que s’ils avaient couru danger de mort.

— Encore un malheur, monsieur le Maire ! fit Roubion.

— Oui, répondit M. Jules, d’une voix qu’il ne parvenait point à affermir. Heureusement que nous n’avons point à regretter d’accidents de personnes !…