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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/207

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BALAOO

Zoé passa dans une pièce à côté et le Préfet écrivit sa dépêche. La dépêche partie, on recommença à discuter, jusqu’à ce que survînt la deuxième réponse du Gouvernement. Elle était aussi catégorique que la première : « Abominable sauvagerie. Répétons que force doit rester à la loi. Terminez affaire aujourd’hui même et envoyez rapport télégraphique. Interpellation demain. Agissez avec prudence à cause docteur honorat !  »

Comme on le pense, ces nouvelles instructions n’apportèrent aucun apaisement aux perplexités de M. Mathieu Delafosse. Il cacha sa déconvenue sous un air de hautaine décision :

— Tu diras à tes frères, ordonna-t-il à Zoé, que le Gouvernement ne veut les connaître que pour enregistrer leur soumission. Encore une fois, qu’ils se constituent prisonniers, et M. le Président de la République verra ce qu’il aura à faire. Il veut bien leur laisser encore jusqu’à demain matin dix heures pour réfléchir. Et ce n’est point la mort du docteur Honorat qui empêchera tes frères d’être guillotinés, au contraire ! Va !

Elle partit en faisant la lippe.

Aussitôt qu’elle fut dehors, il y eut conseil de guerre dans la salle des Roubion.

Le Préfet exposa son projet. Puisqu’il avait ordre d’agir vite et prudemment, il unirait avec adresse la ruse à la force. Déjà il avait commencé à réaliser ce plan machiavélique, en faisant dire aux Vautrin qu’on les laisserait tranquilles jusqu’au lendemain dix heures. Ostensiblement on allait ordonner aux troupes qui gardaient la lisière du bois, de former les faisceaux. Elles camperaient sur place, prépareraient la soupe, paraîtraient s’installer là pour passer la nuit, en tout repos. Et puis, à