Aller au contenu

Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
BALAOO

Roubion s’en fut encore écouter à la porte et revint, n’ayant rien entendu, tranquillisé à peu près.

— Voici exactement comment c’est arrivé, expliqua l’aubergiste. Lombard et sa vieille tante, après avoir tout barricadé chez eux comme on le fait tous les soirs maintenant à Saint-Martin, s’étaient couchés. La chambre de Lombard et celle de sa tante étaient au rez-de-chaussée. Le barbier dormait profondément quand il fut réveillé par la vieille qui se trouvait debout au pied de son lit et qui lui conseillait à voix basse d’écouter ce qui se passait. Lombard écouta. En effet, quelqu’un dans la rue se plaignait. C’étaient comme des râles entremêlés de petits cris plaintifs. Lombard se leva et alluma sa bougie, et prit, dans le tiroir de sa table de nuit, son revolver. Vous savez combien on est précautionneux à Saint-Martin, et on n’a pas tort malheureusement. La tante souffla à Lombard : « Surtout, pour l’amour de Dieu !… N’ouvre pas !… » Lombard, sans ouvrir encore la porte, se décida à parler : « Qui est là ? demanda-t-il et qui se plaint ? » Une voix lui répondit : « C’est moi Zoé. Pitié à la maison d’homme ! »

— Qu’est-ce que ça veut dire : pitié à la maison d’homme ? interrompit Blondel.

— Ah ! c’est des expressions à la Zoé. Cette petite vit comme une bête, soit dans la tanière de ses frères, soit dans la forêt, et, comme ses frères parlent entre eux argot, il en résulte pour elle un langage qui n’est pas celui de tout le monde.

— Alors, vous voyez bien que c’était elle, fit Blondel. Il n’y a pas d’erreur !…

— Attendez ! Il n’était pas plus de dix heures et demie. Malgré l’opposition de sa tante, Lombard ouvrit