Aller au contenu

Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
BALAOO

lui en fallait pour remuer… et il devait se passer du côté du plafond de l’autre pièce quelque chose d’abominable et sa propre sécurité lui commandait de ne point bouger.

Le geste qu’il fit fut-il perçu ?… Voulait-on l’annihiler d’épouvante à son tour ?… Mais, du côté du plafond de l’autre pièce, il entendit une voix qui râlait, formidable, son nom… oui… oui… son nom… Patrice !… Et cela certainement était un ordre affreux !… une menace qui le clouait à sa place !

Cette fois, il ne bougea plus et, les yeux pleins d’horreur, il continua de regarder le petit carré du passe-plats où s’encadrait le visage épouvanté et comme hypnotisé de Blondel…

Et tout à coup, le jeune homme vit descendre dans ce petit carré, du haut du plafond qu’il ne pouvait apercevoir… vit descendre deux mains crispées au-dessous de deux manchettes qui faisaient deux taches blanches très nettes dans la pénombre… deux bras terribles qui s’abattirent sur Blondel, qui l’agrippèrent à la gorge et qui remontèrent vers le plafond avec cette gorge prisonnière.

Et Blondel n’avait même pas fait ouf ! Sa tête déjà se renversait, sa tête dont Patrice ne devait plus jamais oublier les yeux désorbités comme prêts à jaillir, énormes, de la gaine des paupières.

Soulevés par les mains assassines, la tête, puis tout le haut du corps disparurent de l’encadrement du passe-plats ; puis ce furent les jambes qui quittèrent le billard et montèrent, pendantes et parallèles, vers le plafond !…

Horreur !… Horreur !… Ah ! crier !… crier !… Patrice ne le peut pas !… il ne le peut pas !… parce qu’il a trop peur ! Oui !… Il est lâche !… il est lâche !… ah !