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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/49

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BALAOO

Peut-être enfin allait-on savoir. Savoir ce que c’était que cette chose qui se promenait dans le plafond avec des mains qui étranglaient !

La première chose que le jeune homme aperçut en rouvrant les yeux fut le doux visage de Madeleine.

À l’instar de son fiancé, elle était blonde avec des yeux bleus. Ils s’aimaient depuis longtemps, depuis que, tout petits, ils s’étaient retrouvés aux vacances chez le père Saint-Aubin, rue de l’Écu, dans la capitale du Puy-de-Dôme, car la fille de Coriolis avait été élevée en France, pendant que son père travaillait de son négoce au bout du monde, à Batavia, où il tenait rang de consul pour son pays. Patrice avait vu revenir avec regret d’Extrême-Orient l’oncle Coriolis qui s’enferma avec sa fille dans sa propriété de Saint-Martin-des-Bois où il vivait comme un ours. L’oncle ne tenait point aux visites du neveu, et il le lui avait fait comprendre. Il admettait les futures noces en principe et en avait dit deux mots au vieux Saint-Aubin de Clermont ; mais, en attendant, il exigeait qu’on lui « fichât la paix ».

Patrice regardait encore, avec une admiration attendrie, Madeleine quand le docteur Honorat prit la parole pour présenter le juge d’instruction au jeune homme. Puis il lui recommanda le calme et lui ordonna de reprendre, avant tout, possession de ses esprits. Bref, le moment était venu pour Patrice de se conduire avec courage et de n’avoir point peur de dire à la justice tout ce qu’il lui avait été donné de voir et d’entendre. Il y allait de la sécurité de tout le pays.

M. le juge d’instruction sembla approuver ces derniers mots d’un hochement de tête.

Or, dans le même moment, le long greffier noir boi-