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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/83

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BALAOO

Patrice ne s’aperçut qu’il était chez les Vautrin que lorsque Zoé eut poussé la porte de la tanière et s’y fut jetée, le laissant, tout haletant, contre le talus qu’elle avait franchi d’un bond de chèvre.

Alors il se rendit compte de toute son imprudence. Il n’avait pas une arme. Et il venait de traquer comme une bête, jusque chez elle, la sœur des Trois Frères… La petite allait naturellement les mettre au courant, en quelques mots, de l’incident du surjet. C’était leur apprendre que Patrice ne doutait plus du rôle qu’ils avaient joué dans les crimes de Saint-Martin-des-Bois, et qu’il en poursuivait la preuve par tous les moyens ; qu’en tout cas, il leur avait déclaré la guerre.

Il pensa qu’ils n’allaient pas être longtemps à apparaître, à le rechercher et, s’ils le trouvaient !… Réflexions rapides qui l’affectèrent, d’autant plus que des éclats de voix se faisaient entendre dans la masure. Patrice tournait sur lui-même, ne sachant à quoi se résoudre, ni où se cacher. Il se trouvait alors contre la maison ; et la porte de celle-ci s’ouvrit, faisant un carré de lumière sur la route. Il n’avait pas le temps de gagner le rideau de peupliers qui encerclait, à quelques mètres de là, le clos des Vautrin. Seule, la maison était là pour le cacher. Qu’un des frères en fît le tour d’un côté et l’autre de l’autre, il était pris. Heureusement, il y avait le toit. C’était un toit de chaume qui, sur le derrière, du côté opposé à la route par conséquent, descendait presque jusqu’au sol. Il s’y hissa, s’y aplatit, y rampa jusqu’à la cheminée. Il entendit la voix d’Élie et celle de l’un des frères qui lui répondait. Comme il l’avait craint, les deux Vautrin faisaient le tour de la maison. Il les vit, l’un s’avancer sur la route, l’autre faire quelques pas dans le clos. La nuit était très sombre, heureusement. Zoé cria :