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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/91

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BALAOO

— Oui, continua Hubert sans s’attarder à l’effet produit… oui, mais y aura p’t’être du « raisiné »[1] !

— Dommage ! bougonna la Barbe… j’trouve qu’ça saigne beaucoup dans le pays depuis quelque temps !… Vous verrez que ça finira mal !… Vot’ défunt père me le disait encore à son lit de mort : Méfie-toi du « raisiné » !

— Je sais c’que tu veux dire, la mère… mais tu t’exprimes mal… Camus, Eombard et Blondel n’ont pas été saignés, mais étranglés et pendus bien proprement par quelqu’un qui savait y faire… déclara Hubert. Tout de même, j’ai trouvé que c’était de la besogne bien inutile. C’est point parce qu’on a eu quelques discussions politiques qu’il faut se réjouir de la mort des gens. Sans ça, bien sûr, on butterait[2] tout le monde !

— Enfin, Hubert, dit Barbe, en secouant son horrible caboche, on ne te demande point tes comptes, mais pense bien que je ne pourrais plus vivre sans vous… Vous seriez les maîtres du pays si vous vouliez… y a manière de s’y prendre… c’est point en engueulant Blondel en plein café la veille de sa mort, qu’on rend la tranquillité à sa vieille mère…

Hubert regarda la vieille et puis, en dessous, les deux albinos qui le regardaient, lui, également en dessous.

— Moi, fit-il, je n’y ai point touché… mais y en a p’t’être bien des gens qui s’mêlent de venger les querelles de famille… dans tous les cas, ça a été bien fait. Le gerbier[3] n’y a vu que du feu ! et puis « les pieds dans le plafond », ça, c’était rigolo !…

  1. Sang.
  2. Assassinerait.
  3. Le juge.