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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/93

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BALAOO

quand la Gaule est entré et a demandé un « canon » ; et puis un autre petit maigriot est entré avec lui, que je ne connais pas. Il a pris de la blanche, celui-là. J’ai compris bientôt à leur jactance que le petit était un employé des travaux qu’on est en train de faire de l’autre côté du Montancel où qu’ils percent un tunnel ! Vous y êtes ? y a pas de chemin de fer par là !… Eh bien ! vous savez bien qu’on est en train d’en faire un !… Si vous ne le savez pas, je vous l’apprends, même qu’y a cinq cents ouvriers. C’est quéque chose, ça, cinq cents ouvriers qui faut payer… avec de la monnaie comptant ! Toi, Élie, qui sais calculer, dis-moi donc combien que ça peut faire à six ou sept francs par jour…

— S’ils étaient payés dix francs, au bout du mois ça ferait dans les 150.000 francs… dit Élie.

— Eh bien ! mon vieux, c’est deux cent mille qu’il faut aux entrepreneurs à la fin du mois…

— Ils sont donc plus de cinq cents…

— À ce qu’il paraît qu’il y a des travaux conséquents par là-bas… le petit qui était entré avec la Gaule se plaignait qu’ils étaient loin de tout, que c’était pas rigolo… pas de moyens de communication…

— Mais, interrompit Siméon, y a dix ans qu’ils devaient faire des travaux par là !…

— Eh bien ! y a deux mois qui sont commencés… et tous les mois, comprenez bien, les albis… entends-tu toi, la mère !… il faut payer les ouvriers !… Pour les payer, il faut de l’argent, et où que ça se trouve, l’argent ?… ça se trouve dans les banques.

— C’est-y que tu voudrais dévaliser la banque de Clermont ? interrogea Barbe dont la figure se tendait, farouche de convoitise, vers les trois hommes…