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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/100

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gna, pour se faire pardonner, venait de lui apporter lui-même avé le sourire !…

— Mais je crois bien que tout sera fait d’ici trois semaines ! répondit M. Papajeudi, j’ai rencontré ce matin, rue de l’Hôtel-de-Ville, le « boïa »… il sortait de la mairie et il courait faire le nécessaire à Sainte Reparate. Il paraissait gaillard comme s’il allait à la noce pour son compte… Eh bé ! Titin, à quoi je pense donc ?… Je le vois bien, je te fais de la peine !…

— Mais non !

— Tu lui fais de la peine, à ce garçon, s’apitoya Mme Papajeudi qui était bonne personne et prenait en pitié le chagrin de Titin.

— C’est vrai que j’ai de la peine, avoua le Bastardon, j’ai toujours bien aimé Toinette ! À la Fourca, nous avons joué si petits ensemble !… Elle m’aimait bien, elle aussi… Quand elle est devenue demoiselle, elle n’a pas fait la fière avec moi… Malgré le père Supia, on arrivait bien à se dire un petit bonjour, par ci par là, en se rappelant le bon temps… Qu’est-ce que vous voulez ? Je ne pouvais souhaiter qu’une chose, moi !… C’est qu’elle soit heureuse ! Chez les Supia, elle ne l’était pas !… et je me disais : « Pourvu qu’elle fasse un bon mariage !… » Or, vous m’apprenez qu’« on la marie » à un rien du tout !… Eh bien !… J’ai un gros chagrin !… c’est sûr !…

La voix de Titin tremblait un peu… Son émotion avait gagné les Papajeudi et même les autres clients voisins qui pouvaient entendre… Caramagna essuya une larme furtive. Il y eut un silence… Enfin, Caramagna, en essuyant la table d’un coin de son tablier, crut