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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/114

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quelques instants, mais il lui répondit qu’il était grand temps qu’il s’occupât de Hardigras. Elle eut à nouveau son rire, son rire annonciateur des larmes…

— Eh bien ! Va donc !… Va ! avec ton Hardigras, et laisse-moi avec mon prince !… Si je suis malheureuse, ce sera bien fait !… autant lui qu’un autre, après tout !…

Mais Titin était déjà loin. Antoinette referma sa fenêtre rageusement.

Pendant ce temps, M. Supia, qui ne s’était point couché, attendait dans son bureau les événements promis par le Bastardon.

Nous avons vu que Titin était arrivé tard à la « Bella Nissa », après sa course désordonnée dans la ville, mais il avait su convaincre M. Supia que tout son temps avait été pris par l’élaboration d’un plan qui ne manquerait pas de donner les meilleurs résultats.

Le directeur de la « Bella Nissa » n’avait voulu le quitter qu’après l’avoir lui-même promené du haut en bas de ses magasins, l’arrêtant dans les endroits qui avaient été visités plus particulièrement par Hardigras.

Sa petite lanterne sourde à la main, arrivé au rayon de l’ameublement, il montra à Titin le fameux lit Louis XVI où le cynique Hardigras avait passé tranquillement la nuit. Depuis, on ne lui mettait plus de draps et la chambre avait été tout particulièrement recommandée à l’équipe de pompiers qui avait entièrement remplacé le service de veilleurs de nuit en qui M. Supia n’avait plus la moindre confiance.

— Ma plus belle chambre ! gémit encore M. Supia, un ensemble de style digne d’un mu-