Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de son tumulte doré. Pas de chienlits ! Ce sont les fils du soleil qui ne sont saouls que de la lumière du jour.

Mais voici le cortège…

Nous ne dirons point sous quelle figure ni sous quelle firme Sa Majesté Carnevale apparut cette année-là à son peuple fidèle ; nous passerons même sur les plus truculentes imaginations qui avaient présidé à la confection des chars de quartier, ce n’est pas le commencement du cortège qui nous intéresse, c’est la fin !… car si Carnevale a été salué comme toujours avec enthousiasme, que dire de la clameur formidable qui accompagne le dernier char, lequel n’était pas au programme et qui est sorti d’on ne sait où.

Pressons-nous derrière ce peuple qui remonte l’avenue de la victoire pour être plus tôt au courant de l’événement qui déchaîne une pareille tempête de joie…

Dans le cortège même, on se retourne, « les grosses têtes » s’arrêtent malgré leur succès personnel et tous les groupes suspendent leurs danses échevelées… Le père Balais-Balais cesse de pousser son charreton chargé de fagots de bruyère à balayer toute la voirie niçoise, l’affreux Ciapacan, ce bourreau des chiens, monte sur sa cage ambulante où il vient d’entasser les pauvres levrettes coupables d’être allé flirter dans la rue sans muselière… Sur le char des « cœurs d’artichaut », ces dames ne s’évertuent plus à arracher les feuilles symboliques et à les jeter aux passants… aux fenêtres, sur les balcons, on se dresse, on essaie de voir. Chacun se demande ce qui se passe.