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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/141

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officielles, que le triomphe de Titin fut à son comble.

Les demoiselles surtout lui faisaient une fête à donner de l’orgueil à un milord ! Elles lui jetaient leurs bouquets, vidaient en son honneur des sacs de confetti, lui envoyaient des baisers. Tout à coup, de la foule partit une immense clameur : « À la « Bella Nissa » ! À la « Bella Nissa » ! »

Le char se dirigeait maintenant vers la place du Palais. On s’écrasait pour le suivre. Là-haut, au cinquième, sur son balcon, toute la famille Supia et le prince Hippothadée étaient penchés sur ce peuple en délire qui accompagnait en dansant et en chantant la géhenne du malheureux Hardigras !…

Toinetta fut la première à comprendre.

— Vé ! parrain ! s’écria-t-elle en tapant des mains, c’est Titin qui t’amène le Hardigras !

Le « boïa » pâlit. La farce le frappait en plein cœur ! En bas, mille cris répétaient son nom : Supia ! Supia ! ou encore : Le « boïa » ! Titin, fais cadeau de Hardigras au « boïa » !

Telle devait être la pensée du Bastardon, car, après avoir fait le tour de la place, le char, s’arrêta devant les bâtiments de la « Bella Nissa »…

Or, ce ne fut pas au « boïa » que Titin offrit son Hardigras, ce fut à Toinetta elle-même. Soulevant son feutre de Carnaval devant Mlle Agagnosc, il lui fit hommage de son prisonnier avec la grâce d’un toréador qui dédie le taureau à celle qu’il considère comme la reine de la fête et qui est souvent aussi la reine de son cœur.

Le geste était si beau, si glorieux et si plein