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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/146

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Au faîte de la bâtisse, Hardigras réapparut, dominant toute la ville et semblant la bénir avec sa bannière dont, tour à tour, il inclinait la hampe aux quatre points cardinaux. Il y avait dans son audacieuse attitude tant d’aimable majesté et une si bouffonne ironie à l’adresse de ceux qui le poursuivaient que les cris de « Vive Hardigras ! » montèrent comme un hommage éclatant du populaire qui semblait reconnaître en lui le prodigieux héros en qui s’incarnaient toutes les joies de Carnevale !

Mais il n’eut pas le temps de s’immobiliser sur un aussi beau triomphe ; les toits étaient envahis ; de toutes parts accouraient les pompiers conduits par MM. Souques et Ordinal eux-mêmes, lesquels montraient en cette occasion un courage d’autant plus rare qu’ils étaient à peu près ignorants de la gymnastique spéciale à l’armée de l’incendie ou aux ouvriers couvreurs.

M. Supia avait repris sa gesticulation frénétique, dénonçant aux poursuivants les ruses de Hardigras pour leur échapper… jetant des indications : Là, derrière la cheminée ! Attention ! La lucarne ! La mansarde ! La gouttière ! Par ici ! Vous le tenez ?

Mais Hardigras paraissait ne rien ignorer des mystères des toits et c’est sans hésitation qu’il sautait de l’un à l’autre !…

Un moment il disparut aux yeux de la famille Supia et tout à coup le « boïa » poussa un cri terrible : Hardigras venait de lui tomber sur les épaules !

Hippothadée, qui était brave, voulut se précipiter, mais un coup bien appliqué avec la