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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/162

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— Je vous assure, monsieur, que c’est on ne peut plus sérieux !

— Vous savez, moi, je ne suis pas Supia ! Il ne faudrait pas se payer ma figure ! Vous êtes Titin ! Titin-le-Bastardon et vous venez me demander ici un homme qui m’a vendu son fonds depuis dix-huit ans !

Les garçons éclatèrent de rire :

— Eh ! patron, il ne connaît que lui !…

— Parbleu ! Adieu, monsieur Titin ! et si c’est Papajeudi qui vous envoie, vous lui direz de ma part qu’il aurait pu en trouver une meilleure !

Titin était déjà dehors. Il marchait comme un fou dans la direction de la vieille ville…

Papajeudi ! C’est vrai qu’il s’appelait Noré !… M. Honoré Papajeudi !…

C’était lui l’ancien garçon laitier ! Eh bien, il avait fait du chemin. C’était assurément l’un, des plus riches commerçants de la ville ! On disait qu’il pourrait, sans se gêner, donner trois cent mille francs de dot à chacune de ses filles !

Eh bien ! il se gênerait un peu plus ! Il lui faudrait bien compter aussi avec son fils !…

Quand il pénétra dans le magasin de Papajeudi, il fut étonné de ne point voir Mme Papajeudi à sa caisse, mais il y trouva sa fille aînée qui avait les yeux rouges, et Titin s’aperçut alors qu’elle avait pleuré.

— Puis-je voir M. Papajeudi ? demanda-t-il.

— Non, monsieur Titin, lui répondit-elle à demi-voix, papa est très malade !…

— Que me dites vous là, mademoiselle ? fit Titin sincèrement désolé, car Papajeudi avait toujours été « gentil » avec lui, même au temps