Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gras a décidé que le mariage du prince et de Toinetta ne se ferait pas ?…

Pistafun jeta un coup d’œil sur Giaousé, puis sur Titin, et s’assit en face de Nathalie.

— C’est vrai, dit-il. Il ne veut pas. Il l’a écrit au « boïa »… Il l’a même écrit plusieurs fois. Bezaudin, le commissaire de police, a les lettres, et je vous prie de croire que les précautions sont prises !

— Et d’où tiens-tu de pareilles nouvelles, Pistafun ? demanda Titin.

— De Tantifla qui l’a appris du Budeù en jouant au vitou après dîner chez Caramagna, qui le tenait de Gamba Secca, qui le tenait de la modiste de la rue Lépante, qui le tenait de la cuisinière de Mme Supia, à qui elle fournit des chapeaux, qui le tenait elle-même de Mlle Antoinette. Tu vois, Titin, qu’on ne peut pas être mieux renseigné ! Mais aujourd’hui toute la ville est au courant. On ne parle que de ça ! Et tu penses si l’on s’amuse à l’avance ! On va s’écraser devant la mairie et à Sainte-Réparate, bien sûr !

— Et Mlle Antoinette, demanda Titin, qu’est-ce qu’elle dit de tout ça ?

— Paraît qu’elle s’amuse comme une petite folle… Elle dit que depuis longtemps elle désirait faire la connaissance de Hardigras. Quand on lui essaie sa robe de mariée, elle fait rire avec ses réflexions : « Faites-moi belle, dit-elle aux essayeuses, on dit que Hardigras s’est invité à ma noce ! Je veux lui en mettre plein la vue… »

— Nous irons tous à la noce ! s’écria Titin.

M. Supia avait tenu à ce que ce fût le maire lui-même qui mariât sa pupille et l’on avait