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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/189

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On savait bien que Toinetta entre les mains des Supia ne faisait point ce qu’elle voulait, qu’elle était leur prisonnière, leur martyre et qu’elle ne se mariait que pour leur échapper.

Elle ignorait, la povre, qu’elle fuyait un mal pour échouer dans un pire et qu’il n’y avait point de sort plus détestable sur la terre que celui qui allait l’unir à un personnage aussi taré que le prince Hippothadée !… Puisqu’elle avait tant souffert, elle aurait dû montrer encore un peu de courage. Ce n’étaient point les gentils garçons qui manquaient dans le pays ! Et elle aurait été heureuse, la petite Toinetta, comme tout le monde le souhaitait.

Ça, c’était l’avis des braves gens de Nice, ce devait être aussi celui de cette bonne tête de Titin-le-Bastardon…

Chez Camousse, le restaurateur de la rue de l’Hôtel-de-Ville, d’où l’on pouvait tout voir, on clignait de l’œil chaque fois que quelqu’un parlait de Titin : « Non ! il n’était point là ! » disait-on… « Il avait autre chose à faire, eh !… »

Qu’est-ce qu’il faisait, qu’est-ce qu’il préparait ? On ne savait, mais ça ne devait pas être une chose ordinaire.

L’arrivée, par la cour, de Gamba Secca et du Budeù, derrière lesquels se présentait Giaousé Babazouk, fut saluée d’applaudissements sur la signification desquels personne ne se trompait. Ce fut encore bien autre chose quand le formidable carré de Pistafun, Aiguardente, Tony Bouta et Tantifla fit son entrée. On cria. On trépigna. Eux semblaient ne rien comprendre à ce qui se passait… Ils