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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/278

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perdre d’honneur d’un garçon qui en avait à revendre ! « Mais mon Titin en a vu bien d’autres ! Il saura encore se tirer de ce pas… Quant à toi, monseigneur, « vai pinta des gabia ! » Tu es trop bête !…

Le prince en oubliait sa gifle et Supia n’était pas loin de crier d’admiration !… Voilà ce qu’elle avait trouvé : c’était eux qui avaient fait venir Odon Odonovitch du fin fond de la Transalbanie pour lui déshonorer son Titin !

Complètement ahuri par cette logique féminine, Hippothadée se retira en s’inclinant. Supia le rejoignit dans l’antichambre et lui dit :

— Elle va fort, la petite !

— Oui ! j’ai cru qu’elle m’avait crevé un œil !

— Ce n’est pas de cela que je parle ! c’est de cette histoire d’Odon ! Nous n’y aurions pas pensé, nous autres !… Ah ! ces petites filles ! ça nous roulera toujours dans la farine !

— Voire !

— Et vous n’avez pas trouvé un mot à lui répondre !

— C’est que ma réponse n’était pas prête ! À bientôt, monsieur Supia !…

Elle vint, quelques jours plus tard, la réponse, et elle fut terrible.

C’était par une après-midi dorée, annonciatrice d’un printemps tout proche, à l’heure tiède du retour des courses, quand le soleil déjà bas sur l’horizon semble quitter avec regret cette baie des Anges où s’étale la gloire de Nice…

Au bord de la route où se pressaient dans un défilé de grand luxe les autos et les équi-