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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/297

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Cette femme n’était pour rien dans cet abominable traquenard, et la plus à plaindre, c’était elle, puisqu’elle l’aimait !

Et puis cette belle tête froide lui faisait peur. Il la réchauffa de son haleine, sur ses yeux presque sur ses lèvres, il lui dit.

— Nathalie, ma petite Nathalie ! Pardonne-moi ! Si tu ne reviens pas à toi, nous sommes perdus tous les deux !…

Maintenant il la pressait contre sa poitrine, il lui murmurait des choses douces et sincères comme un frère tendre.

Et tout à coup, il ne pensa plus à rien — pas même à l’affreuse chose qui était suspendue sur sa tête — à rien qu’à ce corps inerte ! À cette femme qui ne revenait pas à la vie, à cette malheureuse qui l’avait toujours tant aimé et pour laquelle il n’avait jamais eu un mot d’amour… et il se mit à l’embrasser en pleurant.

— Nathalie ! ma petite Nathalie !… Tu sais pourtant que je t’aime bien !

Alors, elle rouvrit ses yeux, des yeux qu’habitait la folie.

Et puis elle vit qu’il pleurait… qu’il pleurait de vraies larmes sur elle… Elle eut un rauque sanglot, un long cri sourd où pouvait enfin se soulager sa douleur, et ses larmes éclatèrent. Elle était sauvée.

Elle respirait en pleurant et en se plaignant comme une enfant.

Il la porta sur le canapé, lui posa doucement la tête sur un coussin, trempa une serviette dans l’eau d’une carafe, lui rafraîchit les tempes…

Elle disait :