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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/326

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fois qu’il avait entre les mains un bijou de cette valeur sans qu’il pût en tirer parti. Ah ! il était fort le Supia ! Décidément, il valait mieux être l’ami de cet homme-là que son ennemi.

Hippothadée prit la résolution de ne plus le contrarier en rien ! Il s’arrangerait avec lui pour ne pas être trop arrangé. Antoinette n’était-elle point là pour payer pour les deux ? Elle ne l’aurait pas volé !… car c’était vrai : Hippothadée avait été mis à la porte de la chambre nuptiale. Pauvre Hippothadée, qui se voyait rejeter par sa femme, railler par sa maîtresse légitime ! Il ne lui restait plus que la tendresse de Thélise ! C’est à quoi il pensait en montant dans le taxi qui le reconduisait à la Fourca.

Et ce petit voyage, vu la circonstance, ne lui déplut point. Il ne savait pas, le noble « palikare », que l’abominable « boïa » avait, par lettre, averti sa femme qu’elle eût à veiller désormais sur son collier mieux qu’elle ne l’avait fait jusqu’à présent :

« Depuis plus de trois mois, tu te promènes avec un collier faux ! je te renvoie le vrai !… Il te sera remis en mains propres par le voleur lui-même ! C’est un joli monsieur, mais je t’en prie, Thélise, ne le reçois pas trop mal… Il fait maintenant partie de la famille ! »

Le « boïa » comptait bien qu’ils allaient se déchirer et que, de ce côté-là comme du côté d’Hardigras, il cesserait enfin d’être ridicule. Le « boïa » était fort en affaires, mais c’était un bien pauvre psychologue, tout au moins pour les choses de l’amour, ainsi qu’il sera prouvé tout de suite.