Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/356

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pas Titin qui a fait ça ! » Cependant son cœur était déchiré, mais elle jugeait qu’il était bon que chacun sût ce qu’elle pensait.

Or, l’enquête, menée maintenant par le Parquet de Nice, devenait chaque jour plus terrible pour Titin. Ses menaces antérieures avaient été soigneusement relevées. Tout l’accusait : la folie qu’il avait faite d’enlever Toinetta lors de la première cérémonie et la manière dont il s’était comporté en la ramenant à sa famille, ses propos chez Caramagna et ailleurs quand il disait que s’il avait été Hardigras, ce n’est point en effigie qu’il aurait pendu le Supia, et bien d’autres discours insensés se retournèrent contre lui.

De leur côté, MM. Souques et Ordinal, revenus de Paris au premier éclat de cette nouvelle affaire, avaient accompli un chef-d’œuvre en découvrant que la fameuse écriture majuscule de Hardigras était exactement la même que celle dont Titin décorait les enseignes qu’il peignait à la Fourca.

Les trois experts en écriture établirent sans discussion possible que Titin et Hardigras ne faisaient qu’un.

Sur ces entrefaites, M. le commissaire Bezaudin, coupable d’avoir toujours montré une sympathie inexplicable pour ce trop facétieux garçon devenu un hideux criminel, fut mis à la retraite.

Ce n’était point non plus le silence obstiné de Mme la princesse de Transalbanie, mandée à l’instruction, qui pouvait peser d’un grand poids dans le plateau de Titin. Au contraire, si Toinetta avait pu parler, elle n’eût point manqué de faire le départ entre Hardigras qui