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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/359

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les trouvait sous sa porte, sans qu’il sût jamais qui les avait glissées là. Ainsi en avait-il été lors de sa dernière commission. Comme toujours, cette lettre se trouvait dans une enveloppe sur laquelle était dessinée une potence, qui était le sceau de Hardigras. Dès lors Pistafun savait ce qui lui restait à faire, il s’en réjouissait car c’était généralement une bonne farce.

On lui demanda de montrer l’enveloppe. Il répondit qu’il l’avait arrachée, comme toujours. Le juge lui fit entendre que ses explications ne sauraient donner le change à personne et que s’il n’avouait pas avoir reçu la lettre de la main même de Titin, cela pouvait lui coûter cher car cette lettre il en était seul responsable et l’on pouvait tirer de cela des conclusions terribles pour celui qui l’avait envoyée.

Pistafun se mit à rire, carrément :

— Vous ne ferez tout de même point croire que c’est moi qui ai fait cette abomination. Avaï ! n’en dites pas davantage ! je sens que je deviens rouge comme le feu !

— Cette lettre n’en annonçait pas moins l’assassinat ! Elle vous fait complice.

— De rien du tout ! Ce Hardigras-là, je ne le connais pas ! (ni l’autre non plus !) s’empressa-t-il d’ajouter, mais ça n’est point mon Hardigras de Carnevale qui l’a écrite. J’ai été trompé comme les autres, ne vous en déplaise, et m’est avis que vous aussi, vous vous f… dedans, monsieur le juge !

Ainsi se défendait-il pied à pied et défendait-il son Titin. Aux gardes qui l’interro-