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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/380

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XXIV

Dans lequel Hardigras remplit le rôle de ministère public et à la fin duquel il n’en est pas moins condamné à mort.

On a vu bien des choses en cour d’assises ; on a assisté à des incidents si imprévus que l’ordre des débats s’en trouvait soudain bouleversé, que les magistrats débordés par le torrent des révélations essayaient vainement de se réfugier derrière la barrière fragile de la procédure, mais ce qu’on a vu rarement, c’est un président de cour d’assises, un procureur ou un avocat général, la partie civile, la défense, oubliant toute procédure pour assister en spectateurs épouvantés et impuissants à un duel à mort entre deux hommes que les événements viennent de jeter en face l’un de l’autre dans le prétoire.

Le président, dont le dessein était de suspendre l’audience pour prendre avec la cour, en chambre du conseil, tout décision que nécessitait la présence inopinée de Titin n’avait pas encore prononcé une parole que la porte des témoins était poussée avec éclat et que le Bastardon, traînant derrière lui MM. Souques et Ordinal qu’il semblait avoir arrêtés lui-même, se ruait dans la salle comme une bête enragée. Sans doute son état de fureur s’était-