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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/383

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— Il ment ! Il ment ! râlait le « boïa ».

— Des preuves ! lançait à Titin l’avocat de la partie civile.

— Ah ! des preuves ! Messieurs, vous allez en avoir, des preuves ! Et les plus terribles qui soient, hélas ! les plus douloureuses !… Vous pensez bien que si j’ai tant tardé à venir délivrer Pistafun et à venir me défendre moi-même, c’est que je les cherchais, les preuves ! Messieurs, Pistafun vous a dit la vérité. Il ignorait tout de cette lettre qu’on lui faisait porter à la poste par un truchement qui nous était ordinaire ! Et je vous dis encore la vérité quand je vous affirme que cette lettre qui a été mise au bureau de la Fourca, je ne l’ai pas écrite, pas plus que la carte de Hardigras qui a été mise directement à Nice, comme l’enquête le démontrera !

— Mais je proteste ! glapit Supia. Jamais cette carte n’a été en ma possession.

— Bandit ! On vous a vu l’attacher au cou de votre fille.

— Qui ? Qui ? Qui ?… clamèrent cent voix.

On n’était plus en cour d’assises, le drame devenait si intense qu’on se serait cru sur une place publique !

— Je vais vous le dire ! déclara Titin… Ce que je ne vous dirai pas, je vous le laisserai deviner ! Si cela ne vous suffisait pas, on pourrait demander au prince Hippothadée d’apporter ici certaines précisions. En ce qui me concerne, je ne les exigerai pas ! Car il y a dans cette horrible affaire plus encore de victimes que de coupables !… Messieurs, la pauvre Caroline, dans le secret de son cœur, aimait le prince Hippothadée. Elle avait pu