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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/387

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moins tragique, cette personne n’est pas la seule à être accourue au cri poussé par Mme Supia.

— J’attends ! fit Supia.

— Monsieur Supia, il y eut encore votre sœur, la Cioasa !

— Je l’aurais juré ! éclata M. Supia avec un affreux petit rire métallique, justement la Cioasa que vous avez fait disparaître, misérable, pour qu’elle ne vienne pas ici vous démentir !

Un murmure de plus en plus hostile à Titin commençait à monter du fond de la salle. On lui en voulait d’avoir annoncé des preuves qu’il était incapable de produire.

Titin tournait à chaque instant les yeux vers le fond de la salle, ce n’était point Toinetta qu’il cherchait.

Enfin, il parut se décider :

— Messieurs les jurés, leur fit-il, d’une voix tremblante de désespoir, un troisième personnage m’avait promis de venir ici répéter tout ce que je vous ai dit. Cette personne connaît mieux que quiconque la vérité, car elle y a été mêlée, et elle, je sais qu’on ne la démentira pas !

— Le nom ! Le nom !

— Monsieur le président, je demande à ce que soit entendue… madame Supia !

L’effet fut immense. Le nom de Mme Supia fut sur toutes les lèvres. Un frisson d’angoisse secoua toute l’assemblée.

M. Supia retrouva du coup toute sa gesticulation. Par signes sémaphoriques autant que par son verbe haché et frénétique, il fit entendre qu’il s’élevait de toutes ses forces