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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/389

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du suicide, inventée, disait-on, par Titin, comme étant la seule qui pût lui permettre de se présenter devant ses juges après son crime, ne tenait pas debout, mais dénotait (toujours dans l’esprit des magistrats) une astuce incroyable chez l’accusé, qui avait supprimé le dernier témoin qui pouvait le confondre.

Titin ne se défendait même plus.

On restait persuadé qu’il avait été le seul à pénétrer dans l’appartement, en se cachant et en prenant cent précautions qu’il ne désavoua pas. Sa voix fut couverte par les huées des amis mobilisés par le « boïa » et Hippothadée, quand il prétendit que Thélise, au moment où il l’avait quittée, lui avait dit : « C’est assez que j’aie été la cause de la mort de ma fille. Je me rends au Palais derrière vous, ce sera mon châtiment. »

Quand le président prononça contre lui la peine de mort, il y eut un grand cri dans la salle, qui le réveilla de l’horrible léthargie où peu à peu, il s’était laissé glisser. Ce cri, c’était l’amour qui l’avait poussé. Titin, alors, se redressa comme le lutteur qui rassemble ses forces une dernière fois :

— Toinetta ! tu crois toujours à mon innocence ?

— Toujours ! mon Titin, jusqu’à ma mort qui suivra la tienne !

— Eh bien ! il faut vivre, Toinetta, car si je suis condamné à mort, je ne suis pas encore guillotiné !