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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/433

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— Mais alors, si nous nous comprenons bien, émit Toinetta, les misérables auxquels vous avez fait allusion agiraient pour le compte de la Cioasa ?

— Mon Dieu, madame, jusqu’alors, c’est l’hypothèse la plus logique que nous puissions envisager… oui, ils agiraient pour la Cioasa… ou pour…

— Ou pour son mari !

— Mais la Cioasa n’est pas mariée !

— Madame, je ne sais pas si vous connaissez bien l’histoire de la Cioasa ; sachez donc que dans sa jeunesse, elle eut une aventure avec un nommé Michel Pincalvin, « Micheu », comme on l’appelait dans le pays. Micheu ne possédait rien, M. Supia s’opposa au mariage. Micheu quitta Grasse. On ne l’a plus revu… Eh bien, madame, nous savons maintenant où se trouve la Cioasa. Dans une petite commune perdue au fond du Jura. C’est là qu’elle s’est réfugiée pour filer le parfait amour avec son ancien galant qu’elle a épousé quinze jours exactement avant l’assassinat de Mme Supia.

— Ah ! par exemple ! c’est extraordinaire ! fit Titin, mais cela n’explique rien !… À ce moment-là, M. et Mme Supia vivaient ! Il ne pouvait être question d’héritage pour la Cioasa !…

— Et c’est pourquoi, fit Ordinal, nous avons le droit de nous étonner de voir un vieux garçon pratique comme ce Micheu épouser la Cioasa qui ne possédait rien, pas même en espérances !

— Ça n’est pas mon avis, fit Toinetta. Le calcul de ce Micheu n’était peut-être pas si mauvais que ça. À ce moment, la fille de M.