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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/439

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étaient envahies par les agents. On avait consigné des troupes à Grasse pour le dimanche suivant ; jusqu’aux sapeurs-pompiers des petites cités environnantes qui avaient reçu l’ordre de se tenir prêts dès la première alerte.

Or, Titin, selon les instructions qu’il avait reçues de MM. Souques et Ordinal, s’était retiré chez le padre Barnabé. Ce chasseur de chamois était célèbre dans tout le pays de Vésubie ; c’était le tireur le plus adroit de la montagne et il connaissait tous les secrets de la contrebande. C’était une figure héroïque et sauvage, un type que les « cooks » attachés aux tournées d’auto-cars signalaient à leurs clients.

Aussi l’invitait-on à déjeuner dans les hôtels où stationnait la caravane.

Pendant le repas, il n’ouvrait la bouche que pour manger et pour boire, et c’est en vain qu’on le priait de raconter ses exploits. Il riait. Pas si bête.

Titin et lui étaient de vieux amis sans qu’ils se fussent jamais tenu de longs discours. Barnabé lui expliqua que, de l’endroit où ils se trouvaient, ils commandaient le tir à une lieue à la ronde et qu’on ne pouvait approcher sans leur permission. Et Giaousé, pas plus que le Bolacion auxquels Barnabé fit faire commission par le pâtissier de Saint-Martin (lequel tenait leur boîte aux lettres) qu’ils étaient attendus par Titin dans la montagne, ne montrèrent tant soit peu le bout de leur nez. Une lettre adressée à la Tulipe par le même truchement resta sans réponse.

Enfin, au bout de quatre jours, comme ils