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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/47

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missaire était au courant de la dernière conversation que ces messieurs avaient eue avec M. Supia, mais, comme celui-ci, il trouvait que l’événement se prolongeait au delà de toute prévision. Depuis deux jours il avait fait marcher tous ses hommes et on ne lui avait rien rapporté qui méritât d’être retenu. Dans les bars, dans les « cabanons », partout où la « branda », la « grappa » et le petit vin blanc délient les langues, on avait vainement prêté l’oreille, sous des déguisements divers, aux réflexions et discours des plus joyeux compagnons : dans les restaurants à prix fixe où les employés célibataires de la « Bella Nissa » prenaient leurs repas, non seulement on n’avait fait aucune allusion à la disparition des deux inspecteurs, mais on ne prononçait même plus le nom de Hardigras. Ces messieurs savaient que beaucoup d’entre eux étaient soupçonnés d’avoir mis beaucoup de bonne volonté à la disparition du facétieux cambrioleur et, depuis quelques jours, ils savaient tenir leur langue. Enfin si MM. Ordinal et Souques n’avaient pas quitté Nice « ou si on ne les avait pas fait disparaître » certains agents qui les connaissaient bien auraient retrouvé leurs traces, si bien grimés fussent-ils ! Mais rien ! rien, rien ! Au fond, ce Hardigras pouvait être capable du meilleur comme du pire. Après les avoir sauvés, sachant qu’il n’en était résulté que deux ennemis nouveaux qui avaient juré de le conduire au « barilong », il s’en était peut-être débarrassé sans remords.

M. Supia revint chez lui, pensif, n’ayant tiré de sa conversation avec le commissaire aucun réconfort. Depuis quelque temps, on ne s’amu-