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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/55

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— Oh ! parrain ! Mais je me passe également très bien d’elles, consolez-vous !…

— Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ?

— J’ai travaillé toute la matinée avec Mlle Lévadette qui avait mal aux dents !… Elle a toujours quelque chose, Mlle Lévadette, et ça ne la rend pas aimable !… Mon parrain, vous ne pourriez pas me donner une autre gouvernante ?

— Tu n’auras plus de gouvernante le jour où tu te marieras !…

— Mon parrain, mariez-moi tout de suite !…

— Avec qui ? demanda brutalement Hyacinthe Supia en lançant à la jeune fille un regard soupçonneux…

— Avec qui vous voudrez !…

— C’est bien !… J’y penserai !… J’ai juré à ton père de faire ton bonheur ! et je le ferai !… malgré toi s’il le faut !…

— Eh ! parrain ! je ne demande qu’une chose, c’est que vous le fassiez le plus tôt possible !… Renvoyez-moi à la campagne, à la Fourca !… J’étais si heureuse à la Fourca !…

— Avec les chèvres de la mère Bibi ?

— Oui !…

— Petite niaise !… crois-tu que j’ai accepté d’être ton tuteur pour faire de toi une gardienne de chèvres ?…

— Qu’est-ce que vous voulez faire de moi, parrain ?

— Je te le dirai bientôt !…

— Oh ! je le sais bien, moi, ce que vous voulez faire de moi !… Une princesse !

Hyacinthe, interloqué, se tut.

Que la petite, qui était si futée eût deviné cela, il ne s’en étonnait pas outre mesure,