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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/63

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— Je continue : ma femme, après m’avoir dit cela, a dit à sa fille : « Ne sois pas surprise de rencontrer si souvent le prince à la promenade, sûrement, il t’a distinguée !… »

— Et Mme Supia avait raison ! avoua le prince galamment : Mlle Caroline ne saurait passer inaperçue !…

— De telle sorte que toutes deux se sont imaginé… Grands Dieux ! ne vous fâchez pas, prince !… c’est tellement énorme ce que je vais vous dire…

— Allez !… mais allez donc, mon cher, monsieur Supia…

— Elles se sont donc imaginé qu’il y avait de par le monde… de par le monde de la nouveauté… une demoiselle Supia qui pourrait bien devenir, quelque jour, princesse !

— Eh ! eh ! voyez-vous cela !…

— Mais, mon cher prince, vous continuez de sourire !… Tout ce que je vous dis là, ne vous renverse donc pas ?…

— Et pourquoi donc serais-je renversé monsieur Supia ?… Nous avons fait bien du chemin depuis la guerre !… Où sont-ils les rois du jour ? Regardez autour de nous ! Ils sont dans le commerce !… dans l’industrie !… dans les affaires !… Le monde leur appartient !… Non ! non ! je ne suis pas renversé !… Un prince ne saurait être au contraire que très flatté par cette idée qu’il va devenir le gendre d’un roi du jour !… Je parle en général, naturellement !… Je ne suis pas assez infatué de ma personne ni de mon titre, pour imaginer que je vais devenir le gendre de M. Supia !…

— Prince ! vous vous moquez de moi !…

— Nullement !… Je vous assure !