Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais ceci est le passé ! et le passé ne me regarde pas !…

— Mon cher monsieur Supia, répondit Hippothadée, de sa plus belle voix du proche Orient à la fois charmante et languissante… l’argent a toujours passé chez moi après l’amour !… Je vous ai dit que j’aimais Mlle Antoinette…

— Ta ! ta ! ta !… Les affaires sont les affaires… Deux millions chez le notaire… et sa part, qui est énorme, dans la « Bella Nissa » ! C’est net !… et le présent n’est rien à côté de l’avenir !…

— Comment donc cela, monsieur Supia ?

— Oui ! Vous mettez les deux millions dans la « Bella Nissa » et vous doublez du coup vos revenus…

— Permettez !… Permettez !…

— Quoi ?… Hésiteriez-vous, par hasard ?…

— Je ne dis pas cela !… mais tout à l’heure vous avez bien voulu me faire part des bruits qui courent sur mon compte ; je me permettrai de vous dire à mon tour qu’il y a en ville des murmures fâcheux touchant la « Bella Nissa »… Les bénéfices en auraient singulièrement diminué depuis deux ans…

— C’est exact !… mais il n’y a là rien de fâcheux !… Nous avons eu des frais énormes !… mais ils sont déjà à peu près amortis. Enfin, avec les deux millions d’Antoinette… les vôtres, mon cher prince, nous allons reprendre un essor nouveau !…

— Sans doute !… Sans doute…

— Si vous ne voulez pas de l’affaire, dites-le !…

— Mais je ne dis pas cela !… Seulement,