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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/72

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s’était refusa à entrer dans la compréhension d’une combinaison aussi simple.

M. Supia avait eu plus facilement raison de Thélise. Pour mettre un frein à ses manifestations, il lui avait suffi de la regarder bien en face et de prononcer quelques mots dans le genre de ceux-ci :

— Si vous persistez à ne point vouloir m’entendre, je finirai pas croire, madame, que l’amour, qui était déjà aveugle, est également sourd !… Quand je parle d’amour, ma chère Thélise, ajouta-t-il tout de suite, je parle naturellement de l’amour d’une mère pour sa fille !…

Cette seconde phrase, qui commentait si heureusement la première, n’avait point tout à fait rassuré la chère Thélise, qui resta encore quelques instants sous le coup foudroyant, de la première…

Nous en avons suffisamment dit pour que l’on s’imagine sans peine quel fut ce déjeuner qui réunissait une aussi charmante famille autour de son chef, à l’occasion d’un événement prochain — événement qui, après s’être présenté sous des dehors assez comiques, portait en lui-même la plus sauvage tragédie et allait être le point de départ de drames terribles et mystérieux dont toute une région, qui ne connaissait encore que le bonheur de vivre, resterait longtemps secouée.

…Mais puisque nous n’en sommes encore qu’aux grelots de Carnaval qui approchent dans la coulisse, amusons-nous donc de la mauvaise humeur de M. Supia, car, malgré son entrain factice, il n’a pu réussir à faire parler Caroline ni à faire manger Thélise