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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/80

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VII

Titin-le-Bastardon

Il n’était point de la dignité de M. Supia d’aller chercher lui-même Titin-le-Bastardon.

Descendu dans son cabinet directorial, il eut une courte conférence avec Sébastien Morelli, lequel se dirigea aussitôt vers la place Arson.

Cette place populaire était bien plaisante à voir avec ses joueurs de boules qui avaient « fait tomber la veste » et montraient leurs muscles bronzés, leurs épaules larges, leurs cous de taureau, leurs poitrines poilues sous la chemise entr’ouverte. Ils lançaient la « boccia » (la boule) avec un entrain, une gaieté naturelle qui éclatait chaque fois que l’un de ces messieurs avait réussi un « picareste » qui déblayait le jeu.

Et qui donc, place Arson, fut jamais de mauvaise humeur ? Pourrait-on le dire ? Et ensuite, quelle raison y aurait-il eu à cela ?… Aucun des gars qui étaient là, présents, n’aurait eu d’excuse à porter le diable en terre ! Ils n’avaient pas été condamnés comme tant d’autres à travailler huit heures par jour ! Leurs besoins, qui étaient de bien boire, bien manger et bien s’amuser, sagement restreints, comme on le voit à la satisfaction naturelle de la minute qui passe, n’exigeaient chez eux que peu