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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/98

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les Papajeudi l’aumône d’un peu de stockfisch, d’une poignée d’olives ou autres friandises. Papajeudi le trouvait drôle, ce petit, qui parfois le faisait rire jusqu’aux larmes, parfois mettait dans des fureurs noires la bonne Mme Papajeudi, épouvantée de voir le gamin jongler avec ses œufs frais…

— Eh bé ! s’écria M. Papajeudi en apercevant le nouveau venu… Eh bé ! c’est Titin !… Tu connais la nouvelle ?…

— Non, monsieur Papajeudi… quelle nouvelle ?…

— Eh bé ! Toinetta se marie !…

Titin fit : « Ah ! » sans essayer de cacher son étonnement et peut-être sa peine. Il était devenu un peu pâle ; mais il ajouta sur un ton assez naturel en s’asseyant et en déployant sa serviette :

— Ma foi non, je ne connaissais pas la nouvelle…

— Comment ! s’exclama Mme Papajeudi, Toinetta ne t’avait rien dit ?

— Mais je n’ai pas vu Toinetta de longtemps ! répondit simplement Titin, commandant une demi-bouteille de chianti à Caramagna, le patron, qui accourait de la cuisine à la nouvelle de son arrivée.

— Bah !… fit Caramagna avec un coup d’œil si Toinette n’a rien dit à Titin, elle en aura peut-être bien soufflé un petit mot à Hardigras !

Titin haussa les épaules :

— Vous êtes tous des « fadas » (des imbéciles) avec votre Hardigras. Est-ce que je le connais, moi !…

Caramagna, à ces mots, éclata de rire, mais