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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/332

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LES ÉTRANGES NOCES

de suite… Mais j’aimais et j’étais jaloux !… C’est dire que j’étais devenu, à cause de cette horrible jalousie, qui était une insulte à notre amour, le plus stupide des hommes !… Et c’est l’amour qui se vengeait ainsi de ce que je ne t’eusse point dès l’abord mise au-dessus de tout soupçon, en dépit de l’apparence accusatrice de tes actes ou de tes gestes, ou de ta mine, ou de ta parole ! J’aurais dû me dire tout de suite — ce que je ne me suis dit que lorsque j’eus reçu ta lettre d’adieu à Stara-Zagora : Elle m’aime !… Elle m’aime par-dessus tout !… Eh bien ! essayons d’expliquer avec cela l’inexplicable ! Et tout de suite j’aurais compris, en rapportant tout à cet amour, que c’était à cause de ton amour que tu te faisais un instant la complice de l’abominable Gaulow ! J’aurais compris ce que j’ai compris à Stara-Zagora, dans cette nuit de douleur et de larmes qui a suivi ton départ, j’aurais compris que puisque tu poursuivais Gaulow, après l’avoir fait fuir, et cela dans le dessein de le tuer, tu ne voulais point tenir Gaulow de la main d’Athanase !… Explication logique et la seule possible de ta conduite à toi, Ivana, et aussi de celle d’Athanase, qui s’occupait de s’assurer de Gaulow avant de te sauver, Ivana ! C’était donc que, tu t’étais promise à lui s’il te vengeait de Gaulow ; et seulement à cette condition-là !… Voilà ce qui m’est apparu à Stara-Zagora !… Voilà pourquoi, après avoir compris cela, je fus pris d’un désespoir sans borne, car croyant Gaulow mort de la main d’Atha-