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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/6

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LES ÉTRANGES NOCES

La vérité est qu’ils font les deux choses à la fois. Ils veulent atteindre avant d’être atteints !…

— En avant ! en avant ! crie Rouletabille.

Que fait donc, « entre deux feux », le jeune reporter de l’Époque et quelle est cette sorte de rage qui l’anime ? C’est par des paroles sans suite qu’il encourage ses compagnons à le suivre ; et sa bouche est pleine de malédictions.

On n’a jamais vu chez Joseph Rouletabille une fureur pareille ! Eh ! en vérité, elle est bien excusable chez un jeune homme qui est connu dans le monde entier pour avoir pénétré les plus obscurs mystères, pour avoir démêlé les intrigues criminelles les plus compliquées, et qui se trouve tout à coup, et pour la première fois de sa vie, devant le mystère du cœur féminin auquel il ne comprend rien du tout !

Le « bon bout de sa raison » qui, jusqu’à ce jour, l’avait soutenu dans les pires épreuves en le conduisant irrésistiblement sur le chemin de la vérité, ne lui est plus bon à rien. C’est en vain qu’il l’a appelé à son secours… quelle défaite ! « Le bon bout » de la raison l’a laissé en route ; ni plus ni moins que s’il avait été le mauvais… Et la cause d’une pareille catastrophe ? Une femme ! une simple jeune fille que Joseph Rouletabille aimait naguère de tout son cœur et qu’il prétend détester maintenant de toute son âme : Ivana Vilitchkov !…

C’est elle qu’il poursuit en cette fin de jour tragique… c’est derrière elle qu’il court… quelle aventure !