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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/100

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— Vous saviez qui il était ?

— Tu penses ! En prison, Mister Flow, mais il y a été dix fois et dix fois il s’est envolé… Les gardiens deviennent ses complices sans le savoir… et peut-être en le sachant. N’a-t-il pas su faire de son avocat son complice ? Jeux pour lui que tout cela ! Seulement, Durin ne s’échappera pas. Il ne commettra pas cette faute. Durin est un pauvre niais de domestique, bien dévoué à son maître et qui, dans un mouvement d’égarement, a chipé une épingle de cravate pour l’offrir à sa maîtresse. Car Durin me trompe. Je ne le lui reproche pas, sois-en bien assuré…

— Vous craignez qu’il ne dise tout au baronnet !…

— Enfant ! tu raisonnes : si tu crois qu’il a été le valet de chambre de sir Archibald pendant deux ans pour le plaisir de venir lui dire : Vous savez, je couche avec votre femme !

Elle essuya son front en sueur :

— Tu vas comprendre, mon chéri, tu vas comprendre ! Je te dis que tu vas tout savoir. Si tu me trahis, toi, tant pis !… Je suis vraiment lasse de tout ! Il me faut une autre vie dans un autre coin du monde… Quelque chose de tout à fait nouveau, ou la mort… oui, la mort… après une nuit d’amour avec toi, cher Rudy !…

Elle m’étreignit à me faire crier de douleur. Elle commençait à m’épouvanter avec ses idées de suicide. Elle m’en avait assez dit pour que je la crusse aussi profondément enlisée que moi dans la vase où m avait poussé l’ahurissante machi-