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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/112

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Darling, m’a-t-elle dit, vous réfléchirez. Je vous jure que cela en vaut la peine !

Cela aussi, je le sais !… Et voilà justement toute la raison de ma fièvre…

Cette nuit, j’étais revenu seul dans ma chambre et je n’avais même pas le courage de me déshabiller. Dans un fauteuil, devant la fenêtre ouverte, je rêvais tout éveillé. Tantôt, je me voyais galopant dans la pampa, vêtu d’un magnifique costume de cow-boy, les jambes gainées de « chaparals » en peau de mouton, comme on en voit au cinéma ; tout m’appartenait jusqu’à l’horizon, les terres, les troupeaux innombrables, les baizaudas (c’est bien ainsi que l’on dit, du côté de Rio-Negro, je crois), un peuple d’esclaves était à moi ! Helena galopait à mes côtés, élégamment bottée de cuir fauve, un feutre sur l’oreille, plus belle et plus désirable que jamais. Le soir, une hacienda aux fraîches galeries, aux piliers fleuris, nous accueillait avec tout le confort moderne, cependant que les intendants saluaient jusqu’à terre…

Mais tantôt, je me retrouvais dans un couloir d’hôtel, guettant le moment propice d’utiliser certains ustensiles spéciaux que je dissimulais autant que possible dans les poches intérieures de mon pardessus… Soudain, l’alarme était donnée… De nombreux domestiques se précipitaient et l’on me ramenait à Paris entre deux gendarmes. Je passais en cour d’assises, à côté de Mister Flow, que Moro-Giafferri faisait acquitter avec félicitations du jury, tandis que je prenais le chemin de l’Ile de Ré (je pense beaucoup à cette île depuis quelque