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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/140

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rable. Mais j’avais une façon de jeter au barman : « Mettez tout ça à mon compte et à ce soir ! » qui me valait des marques de respect que je n’eusse certainement point obtenues en payant. Inutile de dire que je ne fis aucune apparition au bar du Casino. À la Potinière, je m’en tirai en me levant pour bavarder avec Harry, au bras duquel je m’éloignai tout doucettement, en oubliant de régler ma consommation. Ainsi, chaque jour m’apprenait à vivre et d’une façon qui me comblait de satisfaction pour mon ingéniosité grandissante. Je ne m’étonnais plus que, par ces temps de vie chère, on parvînt à faire figure, même sans grande pécune. Moi, je n’en avais pas du tout et j’occupais une chambre à vingt-cinq louis dans le meilleur hôtel de la plage, j’avais ma table aux « Ambassadeurs », une maîtresse enviable entre toutes, la fréquentation des grands seigneurs et crédit dans tous les établissements de boisson. Il ne s’agit, au fond, que de savoir s’y prendre et j’étais persuadé que beaucoup de ceux qui m’entouraient n’étaient pas beaucoup plus riches que moi.

L’après-midi, nous allâmes aux courses (Helena avait fait prendre des billets d’entrée par Fathi) et ce fut un enchantement. Jamais les femmes ne m’avaient paru aussi jolies. Il faisait un temps magnifique. Jamais je n’avais encore contemplé un pareil bouquet de toilettes, ni d’aussi jolies jambes (je veux dire : en pareille quantité). Helena, mise à miracle, était très entourée et j’étais fier de me montrer à ses côtés, d’autant qu’elle prenait