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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/171

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comme aux « Charmilles ». On a fait du vrai travail et on se restaure, comme des ouvriers.

Helena coupe sa croûte et mange son fromage sur le pouce, en me regardant avec un sourire silencieux qui en dit long sur l’estime que je commence à lui inspirer. Un coup de gniolle… Nous choquons nos verres. Elle m’embrasse et nous mêlons nos haleines ouvrières. Et j’ai trouvé que cette petite scène avait bien son charme, elle aussi !

Maintenant, nous roulons sur la route avec notre butin. À Évreux, nous nous sommes arrêtés devant une auto qui stationnait au coin d’une rue. Helena m’a repoussé dans le fond, s’est chargée des paquets, du rouleau, a tout jeté dans l’autre auto dont la portière s’était ouverte à notre arrivée : conciliabule dans l’auto fantôme. La portière se rouvre et Helena me rejoint. J’ai pu craindre un moment qu’elle me plantât là. Imagination stupide ! Helena m’aime…

Elle est revenue avec deux cents billets et un chèque de cent mille. Démétrius ne fait peut-être pas une aussi belle affaire que ça ! Les dentelles ne sont pas si étonnantes qu’on le dit et les Rubens l’embarrasseront bien s’il ne parvient pas à les faire passer en Amérique ! D’abord, sont-ce des Rubens ? On dit l’avis des experts assez partagé. Qui peut se vanter, aujourd’hui, de démêler le vrai et le faux ?

— Les billets sont-ils faux ? demandai-je.

Elle m’embrassa :

— Ah ! Rudy, voilà comme je vous aime !…