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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/175

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quille si j’avais des tableaux !… des tableaux, ça ne peut pas se mettre dans un goffre-fort !

Il nous quitta pour aller chercher des nouvelles de M. Jacob. Quand il revint, il était tout pâle :

— Il est mort, nous dit-il. Il n’avait pas le gœur bien solide !… C’est malheureux, un homme si riche !… Les gambrioleurs l’ont assassiné !…

La cloche du Grand Prix se faisait entendre. Nous quittâmes le buffet et Abraham nous laissa « pour chouer au mutuel le tuyau que ce bauvre Jacob lui avait donné avant de mourir ». C’était un tuyau crevé. Quand nous revîmes Abraham, il injuriait le mort. Quant à moi l’événement ne m’avait pas autrement bouleversé. Ce Jacob était si antipathique ! Tout de même quand je pensais la veille à la figure qu’il ferait, je ne pensais pas, certes, à celle d’un macchabée. Honnêtement, j’aurais renoncé à la partie où Helena me conviait, j’en étais sûr, et ma conscience s’en trouvait bien consolée.

Helena me dit :

— Vous supportez bien l’accident, Rudy ! Il faut ! Le bon Dieu l’a puni ! C’était un malhonnête homme !

Quand je pense encore à la facilité avec laquelle j’acceptais alors la mort de M. Jacob, je suis tout étourdi de cette rapidité avec laquelle je descendais l’escalier obscur conduisant à l’abîme où se confondent le bien et le mal. Mais il n’est point rare que les plus vertueux, après la première faute, étonnent les vieux chevaux de retour par la hâte qu’ils mettent à rattraper le temps perdu. Ils ne