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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/182

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Elle paya Teddy malgré toutes les protestations du barman et lui jeta mille francs de pourboire.

— Allons-nous-en ! fis-je. Je ne vois autour de moi que des têtes à claques.

Elle m’emmena en riant, heureuse de céder à un enfant capricieux.

La nuit ne nous apporta pas de joie. Ma maîtresse, ai-je besoin de le dire ? n’y était pour rien, ni la mort de Jacob (à ce propos, j’avoue qu’il ne m’est jamais apparu dans un rêve ni que son fantôme ne m’a jamais tiré les pieds), mais je ne cessais de penser à mon million et cette idée fixe nuisit beaucoup à nos transports.

— Deauville ne vous vaut rien pour le moment, me dit Helena, dès le lendemain. Je viens d’écrire à sir Archibald que Mr. Prim m’emmenait faire un petit tour sur la côte. Nous serons plusieurs jours absents. J’ai de l’argent. La vie est belle ! Hurray !

Ah ! cette semaine avec Helena ! Tous les deux, tous les deux ! L’abominable Fathi, du moment qu’on lui abandonnait les bijoux, nous laissait parfaitement tranquilles. Mr. et Mrs. Prim… Jamais la Normandie n’avait été aussi belle ! Les plants de pommiers !… Les herbages !… Les petits coteaux verdoyants… Les petites plages… Les vieilles cités… et les repas dans les auberges, arrosés de vrai cidre, du cidre que nous allions nous-mêmes tirer à la barrique dans le cellier. Les amours au clair de lune, dans les bois, nos siestes dans l’herbe, les fleurs des champs dont nous chargions l’auto !…