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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/273

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trouver au pied des Black Rooks, nous fûmes plongés dans une demi-obscurité plus triste que la nuit.

À un carrefour, le chauffeur cala son moteur, et nous crûmes à quelque panne, mais il restait sur son siège, l’oreille tendue. Puis il se tourna vers nous et nous montra, à travers la glace, une tête pâle et des yeux égarés.

Helena baissa rapidement la vitre.

— Qu’y a-t-il, Olivier ?…

— Milady n’a pas entendu ?… balbutia-t-il… on a crié…

— Eh bien, Olivier ! laissez crier…

— Oh ! Milady, on a crié à la mort ! Assurément, c’était la bandshie

— Vous êtes fou, Olivier !… En route, je vous prie !

Elle remonta la glace, et Olivier repartit en vitesse, comme ayant hâte de sortir de cette forêt «  qui criait à la mort »…

Quoi qu’elle en dît, Helena n’avait point reçu la singulière confidence du chauffeur, sans émoi. Je le sentais bien, moi qui avais repris sa main.

— Qu’est-ce, la bandshie ? demandai-je. — C’est personne ! fit-elle. C’est une imagination du pays. Chaque demeure de famille noble a sa bandshie. C’est un esprit femelle dont les gémissements passent pour être un avertissement certain de la mort d’un chef. Notre bandshie à nous s’appelle Jenny. Jenny the weaver. Jenny la fileuse. Elle est apparue, pour la dernière fois aux Black Rooks, lors de la mort d’Édouard Skarlett. Vous