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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/39

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homme qui garde pour lui toute la honte de son impuissante fureur.

En vérité, j’aurais fait pitié à un condamné à mort ! J’avais retrouvé toute ma vertu, pour la regretter !… Je pensais à mon bouge de la rue des Bernardins comme au paradis perdu, et le taxi, au fond duquel je m’étais jeté, me conduisait chez Victor !…

J’avais le damné sac entre les jambes… La vue d’un agent qui fit stopper ma voiture au coin de la rue de Rivoli me chavira. Enfin, voilà la rue Notre-Dame-des-Victoires. Je règle mon taxi. La rapidité avec laquelle je grimpe les trois étages traînant mon encombrant fardeau n’a d’égale que celle avec laquelle j’avais quitté la veille la rue Chalgrin.

Victor m’attend. Cette communication directe entre un détenu et ses amis du dehors n’est point pour m’étonner. La fréquentation des prisons nous en apprend bien d’autres. En voyant mon petit bagage, Victor me complimente :

— Joli sac, monsieur !

— Vous le connaissez ?

— Nullement. Votre question, monsieur, est oiseuse et peut-être imprudente. Je vois ce sac pour la première fois. J’en admire la sobre et solide élégance. Quoi de plus naturel !… Je ne sors du naturel que pour faire les têtes. On ne saurait le reprocher à un coiffeur… Je joue aussi aux courses… pour les autres… Je n’ai jamais eu d’ennuis parce qu’avec moi tout se passe toujours