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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/59

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Miousic !… le restaurant est à peu près plein. Toutes les têtes se tournent vers nous. Des saluts, des gentlemen qui se lèvent au passage. Baise-mains. Sept couverts à notre table. Les convives sont déjà là et nous attendent en vidant une bouteille de porto ou en buvant des cocktails. Joyeux accueil. Présentations : quatre hommes, deux femmes. Un Canadien, qui possède une province et des mines d’or au Klondyke, Sa Grâce le duc de Wister, un Aga-Khan quelconque qui se prétend Dieu chez les Hindous, un sportsman dont le nom m’échappe, un journaliste américain que tout le monde appelle Harry, qui connaît tout le monde et qui, entre deux plats et entre deux danses, va bavarder à toutes les tables.

Citroën ni Hennessy ne lui échappent, pas plus que lord Roth qui a une concession de terrains diamantifères à quelques journées du Cap, ni le maharajah de Kapurthala, ni Marthe Chenal, ni Maria Lévy, si drôle avec son smoking bleu sur une robe de pétales de roses. À toutes les tables, il semble avoir son verre… Et il ne cesse de prendre des notes. Il boit comme un trou, il travaille comme un nègre et s’amuse comme un Dieu. Il gagne un argent fou avec ses correspondances pleines des inventions les plus extravagantes, des potins les plus stupides. Aucun esprit, mais il est un peu là ! Quand il parle français, il tutoie Helena. Et il peut tout dire. Cette reine a son fou.

J’ai dit : deux femmes. Elles sont décolletées jusqu’aux lombes. Et jolies ! Mrs. Burlington (la