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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/66

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ques. Je perds mes vingt mille et je me sauve avec mes dix plaques dans la main.

À la porte du « Privé » je me trouve en face d’Helena : « Ah ! vous voilà, dear, je me demandais où vous étiez passé !… Donnez quelques petites choses pour jouer !… » Et elle me prend mes dix plaques. Je la regarde partir avec mes cent mille francs. J’ai un peu chaud. Je me dirige vers le bar. Là, joyeuse réunion autour d’Harry qui m’accueille avec des transports et passe un petit insigne bleu à ma boutonnière.

Aussitôt, des acclamations, des hurrahs que les valets de pied, accourus, font taire… (ne troublons pas les joueurs), et les verres se lèvent. On me fait boire je ne sais plus quel mélange multicolore. Je dois avoir une figure très sympathique à ces messieurs. Il y en a un qui m’embrasse comme un frère, en me déclarant que je suis la plus aimable Barfly, mouche de bar, qu’il ait rencontrée de sa vie et que je ferai honneur à la corporation !… Il paraît que je fais partie maintenant des Blue-Bottle-Flies ! Enfin de l’I. B. F., l’internationale Bar-flies qui étend son empire dans tous les lieux in the world… et les cocktails commencent, depuis le kiss-me-quick (baise-moi vite) jusqu’au love’s dream (rêve d’amour) cependant qu’Harry m’apprend le catéchisme de ma nouvelle religion et m’instruit des devoirs qui m’incombent.

Sachez donc que l’I. B. F. est une organisation secrète et fraternelle, consacrée à la grandeur et à la décadence des buveurs sérieux : que tout membre arrivant à une trap à 5 heures du matin et