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Page:Leroux - Rouletabille chez Krupp, 1944.djvu/24

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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

III

LES TRIBULATIONS D’UN INVENTEUR

« Eh bien ! vous m’avouerez, fit le « Binocle d’écaille » en replaçant la singulière lettre dans son portefeuille, que l’on est fort excusable, après la lecture d’un pareil document, de le croire émané d’un cerveau malade ! Que voulez-vous ? Il a beau être signé « Théodore Fulber », la tranquille simplicité avec laquelle ce savant, qui a toujours passé pour un peu excentrique, nous annonce qu’il tient a notre disposition la destruction de Berlin, aurait incliné les moins prévenus à émettre de fâcheux pronostics sur le prochain avenir d’une aussi belle intelligence… »

C’est alors que l’on entendit pour la première fois la voix de Mr Cromer.

Ce personnage parlait français avec un accent d’outre-Manche très accentué. Il s’exprimait difficilement mais avec force ; et quand il avait trouvé le terme dont il avait besoin, il le lançait contre son interlocuteur avec une brutalité qui semblait destinée à anéantir toute velléité de discussion ou de controverse.

« Pardon ! Vos Excellences. Il faut savoâr que Théodor Foulber n’a pas reçou même oune réponse dé rien di toute !… Indeed ! cela n’être pas assez, je dis !… I say ! le pauvre vieux savant a été traité chez vous comme un pétite joune homme à son première expérience de la physique. Je dis les inventeurs chez vous, ils sont très forts, mais toujours regardés comme très fous, yes ! I say ! Il existe certainement, j’avoue, des établissements de recherches tels Collège de la France et la Muséum,