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Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/21

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BEAUX MASQUES !

J’étais très heureux, très heureux. « Ça se corsait ».

— Mais enfin, repris-je, il doit faire là-dessous une chaleur accablante ? Ne vous mettrez-vous point à votre aise ?…

— Pour sûr que non, alors !

— Ce qu’il y a de remarquable, continuai-je, en jetant un regard circulaire sur toute l’assemblée, c’est que la grande majorité de ces dames sont aussi habillées que vous. À voir l’ardeur qu’elles mettent à cacher leur petite personne aux regards curieux des hommes, ne dirait-on point qu’elles y prennent un plaisir rare ? Elles abusent…

— Vous savez, monsieur, quand on n’a pas l’habitude…

J’en conclus que mon inconnue et ses compagnes n’avaient point l’habitude du bal de l’Opéra… pouvais-je comprendre autre chose ?… et qu’une timidité bien naturelle les poussait à une dissimulation farouche. Aussi n’insistai-je point, ce qui eût été d’un malappris, et je me promis de féliciter le directeur de l’Opéra, à l’occasion, du public excessivement select qui afflue dans son monument les nuits de carnaval.

— Vous connaissez quelques-unes de ces dames ? fis-je à l’inconnue.

— Oh ! monsieur, à peu près toutes. Vous savez, on se rencontre tantôt ici, tantôt là.

— Oui, vous fréquentez les même salons.

La conversation languissait. L’inconnue se